samedi 25 juillet 2015

Mirage

Chacun retint son souffle.
surtout le soufi assoupi sur une chaise en rotin. La foule autour de lui observait hypnotisé la chaise en suspension dans l'air et qui supportait l’obèse ronflant. Ce tour de magie loin de la pacotille courante était effectué par un lutin habile et habillé comme un marocain classique de l'age du passé.
La foule subjuguée était une ombre silencieuse dans la longue après midi finissante. La bouche bée et l’œil bêta la foule restait fascinée tandis qu'un vent tourbillonnant courait dans la rue comme une gueuse hurlante.
Le lutin venait de loin comme il est courant ici de venir. Il était apparu un soir tout noir sorti d'un souterrain antique comme il en court sous les montagnes d'alentours. Précisément un souterrain sise dans le palais vieux et tout ruine d'un prince fameux et qui avait vécu avec tout un tas d'histoires et de légendes pour forger l'âme d'un lieu si peu pluvieux.
Un palais princier défait ou reposaient maintenant des serpents casaniers et des casanovas d'opérettes.
Les ruines solides faisaient la vie des uns les songes des autres. Les casanovas n'opéraient plus étant des fantômes romantiques blanchissant leur éternité dorée sur des pierres de tailles tandis qu'au beau milieu d'une faille sortait parfois la tête singulière du lézard géant des hasards qui va vite du monde humain à d'autres profonds et sourds que les chamanes tendent à faire entendre.
Le lutin a un faciès revêche fait à la serpe. Il a des yeux gros et blancs comme des cailloux polis et ses mains vives et osseuses ont l'air de baguettes de tambours et de branches dures.
Le soufi dans sa tunique blanche et dans son visage bouffi respirait une quiétude étendue.
Sur sa chaise flottante, il ressemblait à un drôle d'oiseau dans son nid approprié posé sur un arbre invisible.
La foule sans bouger murmurait toutefois quelque chose de l'ordre de l'étonnement et de l'effroi.
Le lutin faisait peu de geste mais son allure était glaçante. La foule du pied de la montagne avait l'habitude des contes, maléfices et tours orgiaques que les sempiternels sorciers grisés d'espérances et d'orgueils versaient aux confins des pays inexistants. Ici ils venaient faire leur dent de pouvoir sur des gens curieux, naïfs pris dans les routines de vies maniaques, exilés qu'ils étaient de la ville splendide ou le roi se faisait un sang royal dans une vie d’épousailles. La foule finie trouvait du temps pour la torpeur. Le jour diminuait doucement comme un mirage s'estompe avec la conscience dans le regard hébété d'un traverseur de déserts.

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