lundi 13 juillet 2015

Vacances

Le Mississippi je l'ai vu, un jour d'il y a longtemps, depuis l'eau a du emporter bien des ponts et autres choses finalement peu solides comme nous.
Le Mississippi est grand vaste étendu. C'est un océan cantonné dans une plaine, un recueil de pluies drues.Jamais clair comme tout ce qui touche à l'humain et il circule sans cesse comme un vivant qui s’exaspère. Il est beau à voir dans sa surface magnanime, souriant de reflets face au ciel qui s'accorde à lui.
Des oiseaux amarrés à ses rives vivent sans manières ici. Ce sont des oiseaux, ils ont quelques choses d’espiègles en eux. Leur mouvements élastiques et leur plumage gris donnent des manières de marins en manœuvre. J'ai vu tout ça en avril d'une année bizarre. J'étais vacancier avec des amis mexicains sur un navire typique du coin, bien blanc avec des roues à aubes et des cheminées stylisées. Les amis avaient des airs roublards sans l'être, rigolards tout plein et avec des noms hispaniques et parlant un français passable.
Des sourires puissants d’accueil avec cependant des yeux de drogués fort accueillant aussi.
Les nuages courent dans le ciel avec une gentillesse exquise, disant cela je dis surtout qu'il ne pleut pas.
Nous sommes heureux comme des pantouflards évadés flottant sur un beau morceau de bois et qui font coucou à tout le monde.
Ce navire qui nous veut joyeux est un cygne des étangs mélancoliques.
Le fleuve vert, gris ou roux est indécis de coloris comme un modiste qui se plaît à changer souvent sa vision du monde. Le fleuve rit de nous dans ses méandres de presqu'iles herbeuses dorées et tendues comme des fusains dans nos heures de quiétudes.
L'eau singulière d'ici nous est un mystère sympathique à qui on fait confiance. Un être prenant qui navigue plus que nous sur notre doux navire dont l'équipage local nous fait bonne impression dans son langage cajun.
Nous mangeons de bon appétits des mets de poissons forts cuits et des fruits mises en formes dans des façons royales. La tequila accompagne nos conversations dans des élans lyriques sans sujets aboutis.
Les femmes volubiles, les hommes enragés, tout un concert de chaufferies des sens. Des paroles étranges croisent nos interpellations sans qu'on sache vraiment d’où elles viennent. Nous jouons aux cartes avec entrain. Notre français passe bien quoique peu de nous soient érudits dans la langue de Montaigne.
Nous sommes tous professeurs de quelque chose et un amour et une base pour entendre ce qui vient de France.
Un états-unien pur souche, descendant d'une Espagne hystérique nous dit inlassablement mille données sur les coutumes et histoires fabuleuses de la sauvagerie survenue lors de la conquête de ce pays nouveau.
Avril est chaud comme du thé égyptien. Têtus sont les propos entendus.
La journée délirée s'apaise soyeusement. L'eau profonde et sournoise nous éclaire dans nos divagations.
Cette Mississippi vicieuse a l'art de nous bercer et livre à nos museaux de bêtes digestives une senteur tout à fait enthousiasmante.
Nous avions visitée la ville de Saint-Louis qui plante sa pâmoison, ville savante et nubile pour nous.
Notre francophonie nous  a assurer un accueil des plus chaleureux, fous et musicaux.
Nous avons vu le fort Saint Ferdinand ou jamais une semelle de Rimbaud a franchi la porte.
Nous avons dansé loufoques au son des banjos et autres guimbardes qui grimacent dans des grâces des accords élogieux d'un pays vécu et le tout jusqu'à ce que le soleil devienne aussi rouge qu'une pizza d'Italie.
La Louisiane est vieille comme une Europe perdue.

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