mercredi 8 juillet 2015

La Course

La course est lancée, les cavaliers dans la course sont aussi rapide que des comètes passant prés de la Grande Ourse. Le public derrière des barrières blanches cravachent leur espoir mis en billet et en audace dans le hasard d'un jeu. De loin du tour du manège, ils hèlent dans des emportements significatifs la bête de leur choix. Les cris atténués par la distance et le flot de son que donne une troupe de chevaux partant pour la frénésie d'une course sont des choses effacées incompréhensibles, déformées, un bruit d'affolement pour des coeurs perdus.
Les joueurs pourraient boire ou fuir sur des trottoirs le noir de la vie. Ils préfèrent parier leur sort sur des numéros et des noms sélectionnés qui dans leur tête font des étincelles dans le moment du choix.
L’hippodrome a ses drôles attachés à se rendre d'un guichet à l'autre avec une mine pénétrée et une démarche d’opiniâtre, z'ont toujours le coeur ouvert sur l'amour chevalin qui les rend valets servant leur passion mais aussi rois d'obstinance à courir les courses pour attraper une étoile qui leur clignote dans le fond de leur être.
Les accélérations dans un battage d'écume et de terres envolées ne sont-elles pas les décollages éphémères de leur vie au-dessus des eaux ternes du quotidien ennui des renouvellements usés. Il y a des herbes, des arbres et des odeurs rustiques qui feraient presque un signe au passé, à l'époque des locomotions des charrettes, oubliant la dureté d'un temps passé où la pitié était faiblesse et la dureté loi pratiquée.
Les chevaux dans leur beauté d'élans, majestueusement musculeux et brillants d'efforts et de hennissements sont des flammes vives animées par les paris déposés sur eux comme autant de souffles aimants...
La course se joue de peu, de quelques tours, d'une fatigue venue ou d'une source d'énergie trouvée on ne sait comment dans le dernier virage.
La cravache n'est qu'un signe d'une mise en scène, et les bêtes et les hommes confondus dans le mouvement dansent comme des couples sataniques, endiablés et rutilant vers un but bêtement véloce et humainement argenté.
Les joueurs sentent dans la terre l'ivresse goutée par les cavaliers et la folie donnée aux chevaux qui font démonstration de formes et de forces.
La foule lourde d'une attente suit d'une course à l'autre le relent de leur émotions. Chacun a ses manies, ses crispations secrètes et un fol espoir comme un furoncle mal placé qui les démange dans leur attitude immobile de cette maladie espérance d'une recette par un placement fugitif et souvent perdant incessamment.
Que viennent goûter ces gens sinon une houle printanière dans le vif d'un moment pour se croire un peu à la porte d'un paradis qui doit bien ressembler ici bas à celle d'une écurie.
Minces, petits et colorés, les cavaliers sont seuls à vivre la transhumance rapide des états d'âmes que font les courses dont ils sont les jokers, des maîtres et des agités sur la mer des quadrupèdes.Ils tournent dans des départs échevelés et des distances à faire vite pour qu'ils puissent les uns aux autres se concurrencer et prendre le pas enlevé et que la tonique victoire en couronne un tandis que les autres déjà se préparent dans la grogne contenue et l'énervement stimulant une course venante à remplir d'un moment de gloire.
Il y a bien des chutes et des tangages règlements de comptes mais que vaut ce marivaudage de mauvaise humeur face à une coupe levée haut, cela n'est que le sort à vivre pour faire valoir sa valeur...
Et la foule qui compte sur des rêves arrêtés prendre une réalité qui va et vient comme un temps changeant.
Le monde se coule de toute ses façons d'être.

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