mercredi 15 juillet 2015

La ville tourbillon

Lorsque le voyageur débarque dans la ville tourbillon, il ne voit que des brouillons, des brumes d'êtres dans des bâtisses nuages, les habitants ont le coeur aussi léger que des coccinelles, ils passent leur temps à fumer des prières suaves qu'un prêtre sentant le basilique dispense d'une voix lointaine, mélancolique, mécanique, monotone dans le train train soporifique égal à celui d'une bonne locomotive vapeur...
La ville tourbillon est d'une blancheur laiteuse, coureuse du ciel que seule durant la nuit sait prendre la lune.
Les habitants sont évanescents et souples comme des bulles mouvementées. 
Cela est du à un de leur jeu favori : Alléger leur pensée en riant aux éclats pour que la ville tourbillon tourbille le monde...
Mais le monde est lourd et sérieux comme un projet de mariage, alors parfois seulement la ville tourbillon éblouie de sa joie d'être s’élève tant qu'elle disparait tout à fait des yeux des humains qui s'imaginent souvent qu'elle n'existe pas !
Les habitants de cette ville à deviner passe leur temps à s’évaporer pour être si translucides qu'on ne voit rien d'eux, seule leur maison à étages épaisses de brouillards signale alors leur vies d'invisible.
Il y a une coutume ici, pratiquée depuis des lustres, on chasse tout les trente ans un objet rare, une chose venue d'une ville si lointaine, si méchante que voir cet insolite bazar frappe l'imagination d'une stupeur de pierre et d'un coeur d'airain qui irait à rendre humain des êtres pourtant si fantaisistes !
Cette bizarrerie peut être un porte-manteau quelconque, un parapluie monotone ou un scaphandre rouillé....
Un habitant de la ville tourbillon ne vit jamais seul, la cohue lui va comme un bain de jouvence et souvent il se dit dans ses parages là  que l'étourdi qui se perd est trop fier pour aller dans les tours. Cela se dit car les tours d'ici sont connues pour contenir des enseignements qui dispensent totalement de respirer tellement ils sont beaux et profonds. Personne n'y va car tous sont au bonheur de vivre ici.
Il y a cinquante tours de cinquante étages ou tournent autour deux mille cinq cents étourdis qui tentent l'aventure, se saoulant de la qualité d'air des hauteurs qui est bien spéciale ici, ils respirent bêtement et à fonds pour goûter un plaisir ineffable qui les font tourner infiniment.
Proches des nuages merveilleux qui veillent sur les mondes les habitants d'ici ont l'air vaporeux et bonaces des gens plein d'airs !
Cette flopée gazeuse est délicieuse.
Que veut un voyageur qui passe par là ?
Établir un comptoir solide pour expansionner  la théorie des marteleurs qui dit que le marteau est la pierre vive des villes classiques.
Il a dans un sac de voyage volumineux quinze marteaux issues des quinze familles royales qui  règnent à ville charpente ou l'on encloue dix mille christs chaque soir de rutabagas pour distraire une populace vulgaire mais néanmoins travailleuse et d'un bons sens illuminé que savent avoir les gens de peines pour s'infliger des spectacles navrants du moment que Jésus en à la vedette.
Le voyageur est bienvenue malgré la densité de son être qui dit le peu d'âme de cet étranger si lourdement chargé peut avoir.
A ce propos des enfants de la ville tourbillon qui volètent faciles tels des chérubins facétieux, l'accostent pour lui proposer un supplément d'âme sous formes de plumes d'oiseaux rares et radicaux qui volent très haut !
Le voyageur ne peut refuser directement une telle proposition sans froisser durement les relations diplomatiques établies par le consortium des villes créé bien avant l'invention de la pâte à modeler.
Le voyageur pense dans un monde clair. Sa pesanteur de travailleur ordonné, docile, et souffreteux le marque comme une bonne drogue d'éducations.
Ainsi a-t-il échangé trois marteaux solides comme la dinguerie humaine contre trois plumes  de flamands rose alpines. Ces oiseaux ne sont jamais vus par les alpinistes qui en bon crétins obsessionnels ne voient pas plus loin que leur piolets et leur manies de marcher vers des sommets qui les entêtent terriblement.
Les trois plumes dans une poche du voyageur sont devenues grises, elles restent légères cependant ce qui signifie que le porteur de ses plumes est en train de se gazéifier simplement...
Les enfants si courtois et transparents jouent maintenant avec trois rouge marteaux mous et superbement légers. C'est bien beau car il n'y a pas trois heures, les marteaux étaient noirs et lourds comme des coeurs affligés de suicidés sociaux.
Le voyageur visiteur hallucine maintenant qu'il se sent la tête si légère qu'il a l'impression que celle-ci quitte son corps qui alors bien sur respire mieux  car c'est fou tout les tracas qu'une tête donne au reste du corps !
Ce voyageur allergique au bonheur de la ville tourbillon pourrait être bien nommé requin dans bien des villes classiques des bas mondes qui croupissent sur la terre étroite et ronde qui officie dans l'espace comme boule bleue.
Le voyageur malin par un réflexe obstiné et vicieux demande la permission de créer une ambassade de la ville charpente à la ville tourbillon. Là aussi aucun refus direct ne peut avoir lieu selon une coutume bonasse et bêtasse qui régit les ententes du consortium des villes qui se disent.
Bien que tête en l'air et bien évadé, le voyageur retrouve du plomb à bâtir dans la purée d'air un établi qu'il manie bien et sur lequel il place illico les douze marteaux vaillant qu'un Hercule chanceux eut aimé avoir pour ses travaux multiples et qu'un Ponce Pilate pragmatique aurait payé à prix d'or pour désapotrer Jésus de son groupuscule révolutionnaire en clouant fortement ses maniaques du monothéisme masochiste qui a depuis a fait bien du chemin de croix par un manque d'outillages romains.
Tout ça pour dire que notre voyageur n'est pas si vilain dans ses croyances et n'a pas que des défauts à jeter dans nos pâles figures. Son ambassade donnera peut-être quelque chose à la ville tourbillon.
Les gens vivent dans l'air sans se soucier des aliénés de la terre dont les villes immondes demandent des consolations certaines et c'est pas ces mongolfiants perdus dans leur délires vitaux qui vont songer à pâqueretter les forêts brulées et les villes détruites.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire