mardi 7 juillet 2015

La Seine

La Seine, elle cravache sa destinée dans sa dérision, son historique et tout le romantisme à la mord moi le coeur si tu peux, si ta mâchoire est de la taille des outrages et des rages sourdes.
Ma mâchoire mastique ma propre peau arrachée à mes mains désœuvrées.
La Seine coule dans sa solitude apprivoisée dans les clichés de Paris qui va et rit sur les bords de ses quais.
Elle rit de toute la fraîcheur de son eau. La Seine est un linceul volontiers doux et conserve dans sa vase les os des malmenés qui ont su trouver en elle un trou ouvert pour ne plus avoir de futurs, ni tombe, ni rien, juste un courant, une chose qui pousse sur eux une douceur humide et bien couvrante.
Quand la vie est trop vache, il faut qu'on sache qu'on peut noyer son chagrin et sa vie autrement que dans le tanin d'un mauvais vin. Les ponts des traversés est aussi celui des envols !
Faire le bond au-delà d'une barrière, un garde fou qui n'empêche rien quand le coeur est usé comme une pantoufle d'enfance.
Il me plaît de m'agiter comme un cheval évadé et qui va dans la quincaillerie des circonstances faire son galop sur un quai charmant de platanes et de pavés.
Je suis con comme un buveur égaré qui ne sait plus si demain sera beau. La Seine riche de nostalgies et de présences défile sa quiétude familière dans le fourmillement de la ville bête comme un sou neuf.
Je marche avec un esprit enfumé et l'éclairage de la nuit comme compagne merveilleuse.
Les bateaux mouches aux phares trop blancs sont des gardiens inélégants qui passent et repassent comme des chercheurs d'or mordu de leur travers.
Je vais amer suivre les méandres du fleuve de la capitale qui pisse bien sa pesanteur de fée déclassée.
L'eau est une magnifique garce qui joue les reflets avec des renvois si fort que sa lumière pourrait me faire de la joie sur ma face.
A l'ombre des ponts bien des misères et des plaisirs pourrissent dans des interdits autorisés pourvu que cela reste dans ces lieux si mystérieux. Il y a des types bizarres, bariolés et graves comme des religieux convaincus. La nuit est pleine de gens rares et dangereux qui vivent dans des circonstances aiguisées.
La Seine est belle à suivre dans ses courbes fortes de velours et de nuitées promises scabreuses et indécentes comme un amour ouvert à la mort.
La nuit et la Seine sont sanguines et lutines pour qui sait les voir sous le tapage enfui. Ma tête n'a plus aucune résonance, elle est bercée par l'eau et mon goût de la noyade par les mots.
Paris m'est une promesse lointaine faite par une âme fière à mon dégoût d'être.

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