lundi 11 mai 2015

Titrologie

Jésus Viking est dans son bureau, dans un petit immeuble rectangulaire, gris et marron face à la mer et un grand port vide. Il est habillé en blanc comme un prince qui en pince pour le textile. Il est plein d'éclats comme un que la réussite a adouci. Il regarde de sa fenêtre grande et rectangle et bien fermée des oiseaux bien haut aussi blanc que lui prendre en l'air de belles vitesses. Le bureau est sobre, la pièce petite, des fauteuils confortables et aux couleurs d'un désert d'ombres semblent en terre sèche.
Lui est ridé, à peine quarante ans et le souci d'être arrivé. Il est connu, étonnamment connu.
Il a écrit un roman ou milles choses arrivent et surprennent.
Des sempiternels sentiments, un fantôme fou, une femme forte, un homme égaré et des millions d'oiseaux sur une côte sauvage.
Lui est manutentionnaire d'une autre vie et puis aujourd'hui presque millionnaire.
Un tour de passe passe entre deux temps. Il écrivait depuis longtemps, pour le dépaysement, le délassement et l'ailleurs.Cela plaisait autour de lui. Son épouse lui disait bien, ainsi que des cousins, des amis.
Il a deux filles petites et loufoques. Il est marié avec Véronique. Ils ont un peu voyagé, en Écosse surtout.
Et puis il a été publié. Le succès est venu en coup de vent et chose flamboyante cela a pris dans une tournure un ressort inattendu. Le roman de Jésus Viking a marché. Plus que le sujet, le style, les manigances et les arrangements, plus que des chapitres, des paragraphes, une chose a frappé : C'est le titre.
Personne n'avait vu un titre plus prenant, touchant,alanguissant, étourdissant.
De toutes parts les éloges et les émerveillements venaient en flot. Toutes ces émotions éclosent à partir de quelques mots noirs sur une couverture blanche, même traduit cela faisait un effet identique.
Au Japon c'est la-bas, que le mot génie lui fut adressé, avec des tonnages de lettres d'éloges.
Un jour était né l'écriture entre deux éclairs et un mammouth, et de belles histoires forte de démence avec les religions et puis  le roman et le nouveau roman et maintenant à l'heure du concis, du bref, du raccourci est né l’ère du titre et le pionnier, le défricheur en ces circonstances c'est Jésus viking.
Il ne comprend rien à ce qui lui arrive, un roman est un monde, et voilà que des gens par millions tombent amoureux d'un titre, comme ça et se font une dévotion de cela.
Son talent n'est-il que dans une fraction de seconde ? N'est-il que d'allonger trois mots ?
Un pouvoir de dire qui percute ? Aussi fort et plus ramassé que le défilé des phrases, des mots, des ponctuations. Un titre saveur pour le goût des choses...
Nul ne sait ce qu'il fait en donnant au monde sa création.
Et aux éditions du Radinoir, le succès considérable de Jésus Viking a surpris son monde, mais n'est-ce pas cela "La merdité des sentiments" ?

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