J'attends avec une patience d'infiniment triste. J'attends aussi débonnaire que je peux, j’attends le nouveau monde.
J'attends des gens qui ont soif, j'attends des affamés de bonheurs.
J'attends même que le ciel s'ouvre et que mon coeur respire. J'attends
des coins les plus fermés la métamorphose des sensations.
Qui sait ce qui nous vient ? Je suis un mutant du vouloir, vous savez la volonté qui ne sert qu'à s'entêter...
Je répète des gestes depuis des temps. Je suis vieux d'habitudes. Eh bien c'est fini, la répétition n'ayant plus de sens, je suis de nouveau neuf comme un perlimpinpin dépoudré.
Y'a des moments de silence puissant d'incertitudes navrantes. Et puis
des claquements de portes et des circulations d'air. Maintenant je tape
de nouveau le pavé avec mes gros souliers et mes obsessions cruelles. Je
vais m'échapper de moi-même comme un délice qui s'évanouit. Je me
perçois autrement dans le ricochet des yeux qui me devinent, tous ces
gens venus de nulles parts et qui savent tant de choses qu'ils n'ont nul
besoin de vivre. Je vais vivre cette nuit avec des fantômes. Je vais
vivre en avançant dans la nuit qui me recouvre comme une terre de
linceul. Je suis mort de mon passé, je vis d'écrire dans un présent
suranné pour un futur espéré. Et ma fatigue multiple m'enlace comme une
femme, une garce, une amie...
Je la sens qui me fait des grâces, et je ne peux que la suivre vu que je ne vois rien d'autre du monde qui se déroule.
J'aurai aimé être une vache pour être avec de gros yeux et ruminer
toute la vie à croquer et puis vivre mille vies dans mille destinées
dans des plaisirs et des vices à vous fournir mille extases hors
corruptions.
Je voudrai flotter et m’effondrer dans des rêves pacifiques.
Je voudrai m'arranger du monde, de ses façons, de ses malheurs et de sa dispersion.
Je suis un porte drapeau de la vie qui me va, ce ruisseau qui fait ma
vie d'ici, celle visible, si risible, fragile, sensible...
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