samedi 20 juin 2015

Un vert d'antan...

Tout est vert comme un printemps léger dans une pluie transparence et une vivacité de sentiments, une eau perdue dans un parterre de verdures persistantes et enchanteresse.
C'est un hall immense comme il en convient pour de grand théâtre des siècles passés, il y a des tableaux avec des personnages majestueux de justesses d'attitudes, leur teint est clair, la lumière effacée, et un sombre jeteur de sort dessine leur allure en relief. La décoration est somptueuse, tapisseries de traits enchevêtrés rappelant des arabesques splendides, croisements d'harmonies et de perfections qui se cherchent dans des surprises de superposition.
Il y a tant d'élégances. Des femmes en robe de dentelles inspirées de celles portées dans des époques élogieuses sont finement découpées et vont à merveille dans cette opéra composé.
Ce sont des hôtesses raffinées qui vont et viennent on ne sait trop pourquoi dans la chamaillerie du lieu.
Dans cet hôtel particulier qui tient plus du vaudeville abouti, que d'une mainmise du siècle naissant, l'ambiance est décousu dans des flottements d'impressions.
Tout cela semble s'évader d'un bout d'orient qui chauffe le monde qui veut vivre.
Des vestiges vifs se respirent ici, dans une décadence qui ne vient pas et s'étire dans une luxure accomplie.
Des odeurs sucrés venus d'un désert et de potagers, de caravanes de marchandises portées à l'ancienne.
Les parfums évanescents sont discrets et pointus par moment. Cela a tout du chatoiement des amours comblés.
Ces femmes sont lourdes de charges fantastiques, les desseins des fantasmes et des rêveries qui font le temps fini dans un bonheur éblouissant. Les profondes chevelures et les yeux survoltés d'une vie sensuelle coulent leur douceurs fortes comme les vapeurs des exquises plantes savent faire planer le quidam qui alors ne cesse de se marrer dans des visions de paradis si insidieux que l'enfer s'y mêle dans une frapperie fantastique. Ces femmes chamarrées dans des modes rétros ont le goût de l’éros dans leur corps mouvementé. Les robes singulières signant des vielles décennies, une gloire d'empire embourgeoisé, ont aussi une magnificence d'ouverture : Aussi ajustés à chacune, elles laissent flotter les seins vus à l'air libre et corsé.
Tout ruisselle de soi, comme dans un contentement d'être à contempler la beauté déployée, qui paresse infiniment tel un feu qui se plaît à mourir doucement de flammes en braises.
Rien ne semble presser ces femmes, animées juste par le plaisir de faire des pas dans un temple qui les font sages et reines du lieu. Un temple si beau de toute choses ou l'on attend rien vraiment....
Un lord vient d'entrer, apprêté comme un prince des villes riches. Il est raide et sombre dans sa redingote.
Il vient d'une porte qui s'est vite fermée, tant le dehors est étranger à tout ce monde qui existe ici.
Il a l'air songeur d'un être venu pour affaire. son visage est celui d'un messager royal. Les regards brûlant qui le visitent ne le dérangent pas. Il a un silence de puits et une peau anglicane. Les femmes dans leur nid semblent tranquilles comme un troupeau dans une bergerie délicate bien feutrée de pailles et de soins.
Ce sont des femmes suaves et puissantes qui respirent une splendide confiance. Elles ont des bijoux nombreux et mêlant pacotilles et précieuses pierres sorties des terres coloniales.
On sert des boissons chaudes et fumantes, des élixirs rocambolesques à effets pharmacologiques. L'air est percée d'une magie, il donne une flottaison. Une musique lointaine se plaît à trainer bien atténuée, toute ouatée d'avoir eu à franchir de nombreuses portes pour égrener quelques notes vacillantes et encore justes à prendre dans le coeur.
Tout est baroque et luxuriant comme une espérance réalisée dans une épopée byzantine. Il y a des échos presque silencieux qui vont doucement, lentement dans un ralenti qui touche à l'infini, ils sont humides comme l'eau bénite d'une basilique tenue par des moines chevaliers dans une aube navrée...
L'esprit va s'ouvrir dans les mondes multicolores et dispendieux de grâces, il n'y a plus qu'à attendre les trois coups de la fin quand la vie se déchire d'elle-même


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