C'est l'hiver, la neige n'est pas là et le village dort sous l'automnal
vision d'arbres encores feuillus. Le village respire comme une folle
souple. Le village a sa vie propre comme un être grand et doux.
Le
village dans sa robe de brouillard a l'air mort. Il est dépeuplé de tout
un parterre d'arrivants estivaux qui n'ont pas duré. Il y a aussi tout
un restant de natifs plus vieux que l'horloge de l'église et plus
vaillant qu'elle, ceux-là marchent avec des cannes et sourient à la vie
dans une lumière cachée. L'église a la manière d'un récif étire son
clocher au-dessus d'habitations modestes et colorés comme des sous-bois
sont dotés de champignons trapus et discrets.
Le village vagabonde son âme dans l'esprit de ceux qui l'ont connu.
En face une montagne haute comme une tour de garde et ample comme une
forêt jette sa saveur majestueuse dans le rythme de l'air plein de
coutumes paysannes. Goûter les couleurs et les odeurs de ce pays ou
meurent un peu plus chaque jour dans les ruisseaux et le chant des
oiseaux une tempête de sentiments et les mélodies d'espérances.
L'exode peu à peu à coup de nouvelles vies laisse le port d'attache
gagné par l'ivresse cantique de la nature océane, la nature se plaît à
faire et défaire ce que l'univers lui permet d'un trait.
Le village gros de résidences secondaires se fait une seconde vie populaire d'étés assommants et d'hivers fantomatiques.
Le froid dans toutes les étables fait du ménage. Les ronces couvrent
les alentours de chemins pierreux ou filent des vélorandonneurs et des
crapahuteurs de zones à grimper.
Des chiens aboient prés d'un
poulaillers et prés du cimetière des oies voraces font des cris à vous
clouer aux murs de ce même cimetière qui est beau et veuf comme une
solitude annoncée. Il y a dans un tournant bien gras de gravillon un
tilleul qui flambe sa présence et des ruches non loin de tout ça qui
hibernent dans la poisse des poisons.
Des arbres poussent sans
l'aide humaine et le soleil parfois dans le sec fait réapparition et
l'odeur d'un feu de cheminée creuse des souvenirs mille fois rallumés.
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