samedi 9 janvier 2016

Le ciel de ce matin

Le ciel de ce matin est étrange comme venu d'un rêve, un ciel d'un jade.
J'avais mis mes pas dans le rare aréopage matinal. J'avance dans l'éclat à peine bleuté de ce vert évasif. Je croise ceux qui vont faire leur vie dans l'arrangement du quotidien. Les murs sont sombres et creux comme des lieux de rendez-vous anciens. Beaucoup de lumières sont rouges. Je me crois dans un automne décalé ou la ville fleurit d'étonnements. Les voitures émettent des sons de tuyaux dérangés et les femmes ont leur bouches bleus et des ronds verts autour de leurs yeux, les hommes préoccupés comme des êtres sérieux ont à la main un objet de midi et des cols blancs prés de leur cou. Le tramway siffle une vapeur et un panache blanc. Les agents municipaux sont stoïques et sifflent des airs inconnus qui les occupent jusqu'au bout d'une rue qu'ils visitent. Des animaux mystérieux et blancs traversent ici et là en oblique des rues toujours crues de déconvenues, ces animaux sont semi-transparent et blanc comme des pâleurs exquises.
Les trottoirs cotonneux ont des transpirations de vieux vins rouge bucolique et à l'acidité bienvenue pour le réveil. Je vais à la gare grande comme un couloir qui mène au monde, je me sens tout petit et partant pour un port et un navire à découvrir, le train est svelte et brun, mes poumons marins et ma tête changeante, je pars vers le nord qui est obscur et profond comme un amour à vivre. Des fougères envahissantes sillonnent des autoroutes et drapent leur bord de drapeaux verts. Une horloge sonne et résonne d'un coin à l'autre de l'univers comme une présence angélique. J'ai pris un billet au guichet jaune, l'employée était fatiguée et belle d'une absence de raisonnements. Elle m'a immatriculée ma signification. J'ai eu la carte du printemps à faire et le badge du canard envolé, me voilà passeporté par la vie. Le ronron des traverses, et l'aimable vision et son des passagers accoutumés à semi-dormir ont suffit à me mettre dans le train des songes.
Je suis en direction de la montagne. Des gens autour de moi sont joyeusement promenés par le voyage. J'y suis en plein dedans, le soleil des déplacements. Mon corps s'assoupit. Des douces surprises circulent en lui. Il m'étrange d'une beauté voluptueuse et soignée. Je vais loin par lui, et le ciel toujours lui est jade d'un vert d'un souffle coupé, et je le vois parfois derrière les vitres du wagon qui va dans le balancement d'une vitesse. Les gens que je vois dans mon assise sont orangés d'habits de velours, c'est étrange et beau comme un automne de feuille dans un vergers. J'ai une ivresse de vivre dans un parfum. Je vais derrière une côte. Le train me va et me vibre.
On me parle avec une lointaine attention et une clarté dans les yeux.
Ce voyage est profond comme une assemblée volontaire, j'ai l'errance des sentiments qui adoucit ma vie.

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