mercredi 13 janvier 2016

Le ciel de ce matin (4)

La nuit douce enveloppe le train qui va toujours comme un entêté décidé.
Il doit être une heure de la nuit qui danse car le sommeil s'agite. J'émerge dans la nuit qui roule avec entrain. Des lumières ont été mises en veilleuse et des boites métalliques avec du riz froid occupent les accoudoirs. Je mange dans la pénombre qui dessine pourtant bien les contours des choses et des êtres, et le bruit des fourchettes accompagnent ma dégustation, nous mangeons dans une unanime action. Des bouteilles thermos sont à nos pieds déposés durant mon sommeil désaltèrent nos attentes d'eaux. Cela a le goût des légumes mélangés et corsés de pays du sud. J'aime la pénombre ou les silhouettes se découpent et ne se laissent pas pourtant identifier, le monde autour de moi est là et inconnu. Je suis dans un état nouveau par cela, personne ne dit rien, juste le cliquetis du métal des fourchettes et des boites conversent à nos oreilles nos applications à manger. Ma vision reposante me tient en éveil. L'ombre des choses va dans mon être comme une part connue du monde m'éveille. Je rêve dans le balancement du trajet, sans quitter ce lieu des yeux qui est splendide dans ma somnolence. Naturellement toujours pas la moindre parole, quelques allée et venues va entre les toilettes et ici, et la pénombre avec sa décence me prend dans sa cours des devinettes et des repos. Je dors et je m'éveil comme pris entre des mondes identiques. Dans cette nuit je suis dans une attente d'éternité visitée. Dans la nuit soudainement on me parle alors que je ne dors pas, alors que je ne suis pas éveillé et que je suis là comme un être qui prend récolte, mon voisin de gauche sur un ton badin me raconte une visite d'un grand bâtiment sur un autre continent que celui ou roule notre train qui s'échappe, à ma droite ma voisine me raconte d'un ton quoique raisonnable dans son débit une histoire d'une folle rencontre vécue dans un temps de vacance et un état de proximité proprement confondant dans une ferme dans un pays vert et riche de délassement, j'entend les deux voix dans un décalage juste et je comprend les deux histoires qui prennent mon imagination lascive et joueuse, je vois facilement l'homme vivre sa visite dans cette ferme, et cette femme connaître une grande liberté vive dans cet immeuble historique d'une ville démesurée et sérieuse comme un château de carte. Les deux me bercent de leur propos et je dors parfois dans un temps décalé que j'estime de bons quart d'heure ou je rêve alors instructivement de ce que les paroles hypnotiquement font en moi.
Je vois l'homme alors vêtu d'un costume léger et bleu et satiné faire des grand tours dans des salles équipées d'un mobilier imposant et noir, verni comme disponibles pour affairer une grande famille qui vivrait ici mais pour l'instant seraient dehors comme des gens urbains qui vivent la ville libre des loisirs et des contraintes.
Je vois le ciel bleu classique un peu dur et étendu derrière les immenses baies qui font vitres ouvertes au monde, et la ville dressée d'immeubles pointues et grimpant champignognent en gisement gris et dru cette terre humanisée d'acier. Et puis ça bascule soudainement, je traverse une flopée de nuages roses et bleutés par endroits comme des sucreries de dragées vaporisées, et avec une sensation vertigineuse, euphorique d'un catapultage de mon être vers un ailleurs merveilleux et puis la verdure d'une campagne forte occupe ma vision et je vois la femme déambulée dans un soleil magnifique d'éclairage non loin de la ferme pâlotte de pierre et de toit tant le vert est foncé et puissant autour et la lumière installée sur la ferme la blanchissant d'une aura collante et soyeuse, dehors dans une cours en terre simple des gens marchent en petite tenue estivale, la femme a un maillot de bain orange avec des ronds blancs dessus, je vois tout ça d'en haut et une rivière non loin de ce monde joue à briller sa luminosité en coulant et drainant sa beauté agitée et je l'entend prés de moi comme une parole nature forte de mille âmes conciliantes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire