mardi 8 mars 2016

Evolution

Espace du jour, matin de nuit, cœur mou à l'ouvrage, ouverture des yeux, du volet, grimacer le visage pour l'ouvrir. Boire du café, le café machinal, liquide brute d'habitudes dociles, le café vit dans la tasse, arôme d’accueil, chaleur cuivre dans mes yeux, l'odeur pistonne le cœur d'une douceur slave.
Je m'habille en automate avec envie de quitter un plancher pour descendre l'escalier qui tombe dans la rue ou mes pas alors jetés par le froid verse une course sur le trottoir blessé de travaux, décoloré par endroits comme une peau cicatrisée avec des couleurs fortes et d'autres fades.
Le vent glace mon avance, alors je claque des pas pressés comme des oranges dynamiques, comme des vitamines de vigueurs. Le tramway gris dans l'aube vient comme une chose chaude et filante, sa lumière miel clair a un air d'entame d'un petit déjeuner bien que le goût de la tartine beurrée remonte en moi au fur et à mesure que l'usure de la nuit laisse le jour qui bourdonne alors en moi l'activité à faire.
J'ai du chocolat bu qui fleur mon sourire, devant des gens affairés, vêtus de prés, se tiennent droit comme des piliers grecques ou colonnes des temples remplis de pesanteur et d'une solennité.
Je descend pour prendre un bus alors que le vent se marre d'un souffle à jeter du papier qui file vite !
Du papier fin et gras, du papier de nourriture, du papier en fonction morte et que le vent joueur et jeteur pousse sur le sol à faire le fou. Papier d'enveloppe pizza, papier dépaysé de pizza, papier laissé tombé par un mangeur. Je vois mon bus, il a deux chiffres sur le front comme une casquette de régiment de vieux siècles. Ce bus à deux chiffres attend la troupe du matin alors que le jour clignote sa clémence, il vient doux pâlir les contours des immeubles de la ville qui sortent alors de la nuit et du malhabile éclairage urbain qui les baigne d'une saleté glaireuse.
Le chauffeur embarque, il est poli, présent. Maintenant du monde monte comme des destins fripés, des voyageurs du travail, des suiveurs sans saveurs qui disent des pourquoi de leur fatigue d'être là, ils suent la machinerie des conditions.
Me voilà vieux et placide, je préside, mon bureau est grand comme un vide. J'acquiesce à des recommandations. J'opine à du monde et signe des documents officiels supervisés par des officiers spécialistes. J'ai le sérieux d'un pape, des gardes du corps et le pouvoir. J'allocutionne télévisé. Je discoure diplomatiquement. Je vestonne ma tenue. Je serre des mains à tout les tours de campagne.
Je prend la lumière, la critique et l'apparence de plaire. J'innove banalement, je coutume de surprises. J'humourise le difficile. Je décorise la fonction.
Me voilà dictateur, acteur de ma fantaisie. Je dirige milice, indice et calice. Je religionnise ma personne. Je me dévote. J’accède à ma présence lumineuse avec entrain. Je me fais précautionneusement dieu de mon vivant, je suis édifice de sagesses, déesse, je hasarde que le bon absolu est moi-même.
Je suis adorable, inusable, présentable et affable et mes sujets misérables me sourient à tout va comme des pantins qui filent doux, sans doutes et que je prive de pensées, d'angoisses et de questions et de libertés et de pastèques. Car la pastèque est la source de tout les maux, il est certain que jésus lors de son dernier repas a mangé de la pastèque.
Je prime mes pensées car elles valent de l'argent lourd comme celui doré.
Je les imprime dans des vrais livres d'or. J'interdis de dire dans les médias autres mots que mes paroles prophétiques.
Mon éthique est parfaite et saine et plus forte que celle de jésus car il n'a pas su éviter les clous.
Je suis un messie sans apôtre ni judas, qui ne déjure pas .
Je ne porte pas ombrages aux religions mortes qui pleurent.
Je suis une auto-idole inoxydable, rentable, connétable et sans sable.
Mes créatures sont serviables, crétines, crédules, crématoires, creyssonables, restituables et stables comme une table des lois, pliable, sciable rangeable et jetable finalement.

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