lundi 16 mai 2016

L'envie du partir

Putain ! L'envie de partir m'a prise par le cul et m'a propulsé à l'autre bout du champs, comme ça en deux envolées... J'avais marre de tout, de la paysannerie et de toutes les choses vécues dans les semaines de guerre. Le monde s'était ouvert à la canaillerie et j'avais plus rien à faire ici, ni rien à dire à mère toute bondieudisée. Partir à Paris ou ça chauffe. Partir là-bas ou ça se défend. J'avais des idées et des chaleurs de quoi tracer un chemin. Septembre pluvieux m'aller dans ma dérive. j'avais des mots à jeter dans la Capitale. J'avais des intentions à déchirer. Prendre le train jusqu'à la dernière gare de nuit. Parce qu'ici même avant la guerre et la prusserie débordante, les bourgeois défilaient leur suffisance et la crapoterie de leur vie était insignifiante d'existence. Mourir ici c'est tout ce qui m'attendait si je m'attardais ne fut-ce qu'une semaine dans ce hameau ou le son de la pluie est la chose la plus intelligente que j'ai entendu. Mon esprit poussait mon souffle pour courir le monde. Courir pour nourrir ma soif. Ma vie est une soif. Ma vie a des lettres et je vais les jeter dans la grande ville ou un peuple se chauffe d'idées vives. Marcher beaucoup et loin, voilà un ressort à ma détente, voilà ma force venue dés l'aube et dans l'ombre posée des arbres silhouettes quand la nuit s'évapore. Vois le blanc du ciel si beau, si doux de tendres et de pâles visites, quand le soleil cru encore caché dans la nuit en fuite, tire sa blancheur dans le pays brume. Je suis un évadé de la violence, je suis en évasion douce et je file par les chemins et les routes débonnaires ou les oiseaux crient leur vie délurée prés de peupliers flottant. Médiocres et finies les rondes habitudes talonnent le monde qui va obscur perdre forces et raisons dans une folie vicieuse. je vois l'éclat de ma création et le ponton de mes phrases me faire des traversées dantesques dans une diablesse agitation. Dieu m'est inconnu comme toutes les sœurs de charité. J'irai à genoux dans l'herbe suave goûter ma mort qui danse déjà dans mes yeux dévoreurs. Je veux le soleil dans ma vivacité et le défilement pourpre des idées miraculeuse dans ma volonté arrêté. Je suis poète à vue qui va dans le devenir du monde neuf et armé d'une âme propre. Mon âme est vieille comme une torpeur. Je suis étonné d'être si prompte au courroux, car ma colère ne saurait prendre dans cette terre maussade qui n'engrage que l’intérêt commun et la couardise des sentiments. Autant dire que je détale sans lendemain de cette haute bêtise qui est promise à tout soldat bonhomme de la société vile. J'ai des croissances à faire hors des murs, le vent me jette comme une nuée dévorante. Je bois l'air que soulève mes pas. La poussière des aventures est l'or de mes avancées, je suis riche des cristaux neigeux des altitudes de mes pensées perdues. Mes pensées perdues sont des merveilles de trouvailles. J'irai loin par elles comme un bohémien dégrossi. J'ai des chants et des danses à faire par coup d'inventions. Je suis obéissant aux arbres. Je suis frappé de nature. Et si l'écriture m'éclate, elle le fait dans le printemps des promenades au bord des eaux et dans la trouée feuillu des navigations de marches. Franchir des frontières infinis comme une barbelade de déchirure, voilà ma vie !

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