vendredi 6 mai 2016

Désir 2

y'a une vieille qui n'arrête pas de parler et un gosse qui a de la morve verte et qui me fixe en mode psychopathe. Deux envies de tuer se télescopent dans ma tête d’enfiévré, là dans cette salle d'attente des urgences qui patientent. J'ai des fièvres de paroles dans ma caboche qui déconne. Ma caboche déconne certes mais moins que ce monde qui m'entoure. Ce matin j'ai vu de mon balcon la ville blanche s'éveiller sans bruit dans le soleil crasseux de brumes. Et j'ai dit " Hé ho ! Hé ho !" au soleil poisseux pour qu'il voit que je pense à lui dans sa torpeur. Il m'a rien dit, alors j'ai gueulé de plus belle dans cette crasse matinée avec un air si peu frais qu'on se serait cru dans le métro miteux ou l'air pue les catacombes pleines. J'ai gueulé encore et encore comme une sirène d'alarme des autos connasses foutues sur des parkings peu sûrs ou maraude une faune sans avenir ni fierté, juste un goût de la querelle pour exister dans le miteux de cette basse cour sans poule ni coq, juste des perdus qui crèvent d'être sans rêves et meurent à toute saisons d'insolences et d'imprudences flambées. Avec en tête pour tout emporter une soif de fric et une démence de cette recherche. Le soleil est monté doucement dans la molle venue de courts nuages blancs sans panaches, avec une façon de s'effilocher, comme ma voix de connard qui n'a pas cesser de s'adresser à ce con de soleil si peu lumineux juste debout comme une poisse de midi qui hésite à lever son cœur miséreux sur la population folle de tranquillité qui boit sa vie dans la cantine des habitudes avec des façons d'enfermés. Des gens du dessous ont répondu à mes cris, ne faisant que m'assourdir, ma voix cassée les a calmé. Et j'ai entendu leur chien faire le malin. Après j'ai regardé l'horizon et la mer qu'on voit par delà la pollution et les bleutés dissoutes des vieilles campagnes.
J'ai rigolé en regardant mes géraniums tendres et tordus comme mes âmes de déclassés, et oui j'ai des âmes qui me peuplent la tête de rigolades, alors là j'ai pris mon sac poubelle vert maussade et je l'ai trimbalé dans le bas de l'immeuble et mis dans le container sombre déjà à moitié rempli de son lot de sacs noirs et ronds de leur contenus épais de déchets. L'herbe m'a semblé heureuse auprès des voitures sages si silencieuses que je les ai prises pour des prêtres. Je voyais des halos noirs autour des voitures. sans doute des fumigations de vieillards durant la nuit. Ma tête est si pleine qu'une fête y bat sa permanence d'ivresses. J'ai avancé sur l'étroite route descendante et goudronnée d'un vieux bitume troué et gris, plein de gravillons crissants et sous mes pas j'aime ça. La boulangerie visible de toute part jette une image de croissant géant. 
J'ai acheté trois croissants et un litre de lait comme ça dans la beauté de dire bonjour et combien ça coûte. Ma voix éraillée heureuse résonne dans mes oreilles comme un chant d'oiseau fou.
La boulangère m'a servie avec de beaux gestes, la mise en sac des croissants est tout beau de conventions et d'ordonnancement, je trouve, surtout quand le beurre déborde et transparencie le papier blanc qui se translucide. J'ai marché plus loin que le garage ou ça démarre. J'ai pris la route longue, celle qui longe des poteaux avec des fils hauts. Et puis j'ai vu un bus partir loin. Je l'ai suivi de mes pas fermes. Des arbres sont survenus, rares dans la ville qui aime se bétonner dans les choses et les murs. J'ai craché sur des gens qui avaient un manque d'allure évident dans des vêtements trop beaux et sombres pour qu'ils aillent à leur vie. J'avais mangé deux croissants et bu la moitié de mon lait. Mon pantalon rouge ne leur a pas plus, les leurs étaient bleus nuits noires. J'ai donné des coups de pieds et de poings vu que j'étais en forme. Ils ont dégagé comme des toupies sans toupets. Et j'ai dit " eyah, eyah !" J'avais vaincu les navrants. Après le soleil heureux m'a regardé de sa lumière de toute sa lumière, alors j'ai dansé dans la rue déserte et j'ai mis mon corps dans la fête du moment et j'ai tapé sur les capots des voitures pour les faire aboyer et cela a marché, les tôles ont aboyé leur existence de dessus du moteur. Les arbres des villes si peu garnis car les branches solitaires s'étirent vers le ciel, nues et splendides comme des femmes sur le haut des vagues bleues et blanches quand la mer fait des siennes au milieu du vent et dans la beauté d'un jour gracieux, les arbres des villes grimpent vers le ciel avec un espoir de sève vive dans le tronc. J'ai marché jusqu'au midi du jour dans la carcasse du quartier centrale. Je parlé du bonheur avec des mots décalés, déclassés, sans essais comme une parole neuve, coulante de lave et de bavardises friandises. Ma chemise bleue délavée si western dans mon imagination transpirait l'indiennité de ma marche. Blessé d'avoir voulu voir le monde autrement, j'ai retrouvé la réalité rouge dans une arrestation confuse et rouge. Et me voilà devant une vieille qui me voit comme un être comprenant et un gosse qui me fixe comme un insecte à dégommer, je n'ai pas d'intelligence sociable et je n'ai rien du cafard qu'on écrase, je suis un grognement hargneux, un désir d'être ailleurs autrement....

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