vendredi 2 octobre 2015

Double rencontre

Ce matin j'ai vu Christine à l'arrêt d'un bus dans une allée arborée.
Avant-hier j'ai vu Christine, une autre dans une avenue, avenue pourrie de voitures filantes, elle était avec son mari, un peu Poutine mais plus petit et plus doux d'aspect. Elle m'a vue mais n'a rien dit , elle m'a snobée mais elle est comme ça, sans méchancetés ni intelligences. Elle devait se rendre pressée dans un cinéma qui trône pas loin comme un appel au vice, un vice léger et âpre comme un mauvais film peut faire en sensation. Je me rendais à une réunion dans un immeuble connu pour parler et écouter sur les livres. Je filais doux comme quelqu'un de décidé et de tranquille et que le soir charme dans la ville qui s'éclaire.
Ce matin la Christine que j'ai vu vit dans la rue, elle m'a vue l'avoir vu, nous avons parlé, elle attendait un bus mais qu'elle n'a pas prise, elle m'a dit qu'elle va se rendre dans un espace. Sans doute quelque part loin de tout ceci, dans un vague à l'âme précis comme les naufrages en donnent dans les cœurs naviguant. Elle dort dans la rue, c'est à dire peu et exposée. Elle est rebelle. Elle dit que sa vie comme ça va pas durer et qu'elle plaint les gens qu'elle côtoie qui eux sont là pour beaucoup, beaucoup de temps. Elle ne se voit pas comme installée dans cette vie de rue, c'est sa manière de résister. Sa dignité est dans son errance, le bus est arrivée, elle ne l'a pas pris, comme quoi elle attend autre chose qu'un bus ou un bus du soir, alors que le matin traîne son humeur badine dans les couleurs de la rue. Je la laisse, elle attend.
L'autre Christine est réservée, avec un certain mal être qui l'interroge de pleurs. Elle est déçue, fermée de cela, pourtant son allure est élégante, séductrice, ambivalence d'une manière. Les Christine sont tristes, sans crises mais filent dans une dureté qui ne sont pas d'elles mais d'un rapport avec le monde qui va bas, qui ne va pas. Je suis mes pas qui vont dans l'automne.

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